Design à l’ère de l’économie générative
Par Anne Asensio

Design et humanité à l’épreuve de la simulation numérique
Cette conférence d’ouverture du deuxième jour des UX days propose une réflexion vertigineuse – oui, elle n’aura pas manqué de nous surprendre – sur la manière dont le design peut évoluer à l’ère des univers virtuels, de l’IA et de l’économie générative.
L’introduction, que nous qualifierons de “conceptuelle” par souci de diplomatie, retrace l’évolution de notre capacité – en tant qu’êtres humains – à donner du sens à ce qui nous entoure. Cette réflexion nous mène rapidement à une distinction entre l’humain (la vraie vie tangible) et le virtuel (où la simulation devient la norme). Pas évident à suivre ? Rassurez-vous, nous aussi on a dû s’accrocher.
Du design thinking à “l’expérience thinking” : une approche guidée par la donnée
Entre intentions humanistes et réalité industrielle, une question persiste : comment préserver les qualités essentielles de l’humanité face à des environnements artificiels pilotés par la donnée ?
La réponse chez Dassault Systèmes, accrochez-vous, c’est le design thinking. Enfin pardon, “l’experience thinking”, moins 2010 sans doute. Une approche basée sur la simulation d’expérience à gogo, la compilation de tonnes de données et la création de scénarios numériques pour identifier les blocages potentiels des utilisateurs… dans un monde totalement virtuel (si, si). Le jumeau numérique prend une telle place qu’il finit par faire de l’ombre à l’utilisateur lui-même. Visualiser les flux thermiques et les microparticules devient bien plus excitant que de se demander si quelqu’un en a réellement besoin.
Côté communication interne, en revanche, tout est très sérieux : les métiers travaillent intelligemment et emploient même un vocabulaire commun pour fluidifier la collaboration.
Quand l’IA pilote le brief
Les insights enchaînent ensuite avec des cas d’usage maison. Chez Dassault Systèmes, l’IA ne chôme pas, elle :
- Invente les personas,
- Conçoit le train,
- Produit même une bande-annonce qui nous est présentée aujourd’hui.
Une vision dans laquelle l’IA prend une place très active dans la phase stratégique et conceptuelle du design. Le tout, au service d’un storytelling projeté.
Ce que nous retenons
Si cette approche technologique a le mérite de la cohérence interne, elle soulève aussi des questions majeures : quid de la sensibilité humaine, du contexte réel, de la diversité des usages ? La standardisation par simulation risque d’engendrer des biais techniques et sociaux, amplifiés par l’automatisation des décisions via l’IA. Chez Akiani, nous retenons surtout le paradoxe de cette conférence : en cherchant à humaniser le numérique, on peut aussi s’en éloigner dangereusement. L’intention est louable, mais les moyens posent question.
Design pour un monde vivant
Par Nicolas Roesch

“Comment envisager un futur désirable sans prendre en compte les autres formes de vie ?”
C’est autour de cette question centrale que s’articule la conférence de Nicolas Roesch, créateur de Zoépolis, un laboratoire de recherche indépendant qui explore les relations entre humains et non-humains.
L’extinction de l’expérience de nature
Nicolas commence par évoquer « l’extinction de l’expérience de la nature », un concept qui décrit comment chaque génération prend pour acquis l’état actuel de l’environnement, sans se rendre compte des pertes progressives de biodiversité. Sans que nous en ayons pleinement conscience, la biodiversité disparaît progressivement de notre quotidien. Ce n’est qu’à travers certains constats frappants que l’on mesure l’ampleur du problème.
Prenons les insectes. Nicolas évoque une époque pas si lointaine — une vingtaine d’années — où ils s’écrasaient par dizaines sur les pare-brises à chaque trajet sur autoroute. Aujourd’hui, plus rien. Cette perte de notre expérience du vivant conduit à une apathie et à un manque d’incitation à protéger la nature.
Reconnaître telle ou telle feuille d’arbre ? Difficile. En revanche, nous sommes capables d’identifier des centaines de logos. Rien d’étonnant : ils nous entourent en permanence, alors que la nature, elle, se fait de plus en plus discrète dans un environnement toujours plus urbanisé.
Quels liens entre Humains et non humains ?
Dans une progression bien documentée et sourcée, Nicolas décrit la perte de biodiversité et les conséquences pour nos sociétés et nos économies, soulignant l’interdépendance entre les humains et les autres êtres vivants. Les résultats présentés mettent en avant que de nombreux services écosystémiques essentiels, tels que la régulation du climat et la purification de l’eau, sont en danger.
Quel rôle pour les designers ?
On pourrait résumer son intervention comme une invitation à basculer d’une approche centrée sur l’humain à une approche qui considère les besoins d’autres êtres vivants “non humains”. Comment ? Nicolas partage plusieurs axes de recherche, tels que le design biophile (utiliser la biodiversité au service des humains), le design pour la biodiversité (dessiner pour les autres espèces) et le design relationnel (créer des liens entre humains et non-humains).
Le design comme outil écologique
Pendant son discours, Nicolas Roesch nous invite à repenser notre relation à la nature, et à imaginer des solutions pour une cohabitation plus harmonieuse entre humains et non-humains.
Certains exemples sont évidents : les écoducs, par exemple, qui permettent aux animaux de traverser les autoroutes en toute sécurité.
Ces structures sont conçues pour répondre à un double besoin : un besoin humain – une autoroute et un besoin du vivant – permettre aux animaux de se déplacer librement, d’un point A à un point B, sans danger.
C’est là tout le rôle du designer : penser une harmonie trop souvent sacrifiée au profit de nos seuls besoins.
Lorsque nous concevons un parc, une route, une ville, ou toute infrastructure pensée pour l’humain, il est de notre responsabilité d’y inclure la nature et ses habitants — pour préserver la biodiversité, mais également pour protéger notre propre avenir.
Ce que nous retenons
En tant que designer numérique, il peut sembler difficile de se sentir concerné par une conférence centrée sur le design d’infrastructure. Pourtant, celle-ci nous a permis d’ouvrir les yeux sur un véritable problème de société.
Certes, nous avons déjà bien conscience des enjeux environnementaux liés à l’urbanisation. Quand on rase une forêt pour construire une autoroute simplement pour gagner une heure de trajet, on sait pertinemment que ce n’est pas un geste en faveur de la biodiversité locale.
Mais cette conférence nous pousse à réfléchir plus profondément aux mécanismes qui mènent à cet oubli progressif de la nature. Si l’on ne croise jamais d’arbres, alors on oublie facilement qu’ils existent.
N’est-ce donc pas notre travail, qui que l’on soit, de faire en sorte que rien ni personne ne soit oublié ? Moustique ou arbre ? Comment pouvons-nous, chacun, à notre échelle, réfléchir pour réapprendre à coexister avec la nature ?
AccessibilityOps : passer l’accessibilité à l’échelle
Par Anne-Sophie Tranchet

L’enjeu : que l’accessibilité devienne l’affaire de tous
Peut-on faire de l’accessibilité à grande échelle sans experts ? C’est le pari qu’a relevé Anne-Sophie Tranchet, lead design accessibilité à la Direction du numérique de l’État. Depuis 2020, elle travaille au sein de beta.gouv.fr, l’incubateur de services publics numériques, structuré en petites équipes très autonomes, mais souvent à la traîne sur l’accessibilité. Face à ce “niveau zéro” généralisé, elle commence par faire de la recherche utilisateur interne auprès des équipes produit. But de la manœuvre : comprendre les blocages.
Les idées reçues qu’elle entend alors sont variées, on en cite quelques-unes : « On ne sait pas faire »; « Ce n’est pas prévu dans notre roadmap »; « L’accessibilité, c’est pour plus tard »; « Le Lean Startup, ce n’est pas compatible de toute façon »… Le résultat, c’est que les équipes bricolent, repoussent ou attendent la venue d’un expert accessibilité.
L’approche d’AccessibilityOps
Anne-Sophie propose une approche globale d’ “AccessibilityOps” : un effort transversal pour relier les pratiques, les personnes et les outils. Pas de solution miracle, mais une démarche réaliste pour diffuser l’accessibilité sans la déléguer, à travers :
- des actions de sensibilisation courte (2 à 3h) pour se poser les bonnes questions sans viser l’expertise
- la mise en place de guides pratiques ultra-concrets
- la réalisation d’”Ateliers Easy Check” : test d’un service à la navigation clavier, puis création d’une roadmap
- la création d’un catalogue d’accompagnement affiné selon les questions concrètes des équipes
- l’adoption d’une approche proactive plutôt que de réaction à une situation déjà problématique
- l’action croisée des reports, KPIs pour donner de la visibilité aux efforts
- la constitution d’une communauté interne d’alliés pour créer un environnement légitime, où tout le monde peut devenir moteur
Les trois grands principes proposés
- Intégrer l’accessibilité directement dans le design system, pas en post-rationalisation
- Être la voix des utilisateurs en situation de handicap
- Ne pas viser la perfection, mais l’utilisabilité
Ce que nous retenons
Anne-Sophie Tranchet présente une démarche pragmatique. Là où d’autres verraient les standards comme des outils trop rigides ou invoqueraient la complexité technique pour justifier l’inaction, elle outille et encourage. Elle fait confiance aux équipes pour apprendre. Surtout, l’accessibilité est traitée comme un enjeu culturel, pas comme un audit à cocher.
Cette approche soulève aussi des questions : jusqu’où peut-on aller sans expertise dédiée ? Il n’est pas nécessaire d’être expert pour rédiger des Alt, certes, mais que faire quand il s’agit de tracer la limite entre acculturation suffisante et risque d’approximation ?
Et aussi : si tout le monde est responsable, qui est vraiment garant ? La démarche fonctionne quand il y a une Anne-Sophie pour la porter, former, accompagner. Dans un environnement moins structuré ou sans personne identifiée, ce modèle reste tout aussi solide ?
En résumé, l’approche nous semble efficace pour élever collectivement le niveau. Elle ne doit pas exclure totalement les expertises pointues, ne serait-ce que pour les cas complexes.
Comment documenter des Design System qui encouragent la pensée critique ?
Par Silvia Griso Sayas

Un cadre de réflexion plus qu’un cadre d’exécution
Silvia Griso Sayas, spécialiste en sciences du langage et linguistique appliquée depuis plus de 10 ans, pose une question ambitieuse : peut-on concevoir un Design System qui n’impose pas, mais qui fait réfléchir ?
Selon elle, un bon Design System devrait laisser aux équipes un véritable pouvoir de discernement : obéir aux bonnes pratiques quand elles sont pertinentes, ou, au contraire, désobéir de manière éclairée quand le contexte change. En somme, un Design System pensé comme un cadre de réflexion plus qu’un cadre d’exécution.
Favoriser la pensée critique, vraiment ?
Silvia évoque les travaux de Daniel Kahneman pour rappeler que notre cerveau aime la voie rapide (System 1) et que la réflexion critique (System 2) demande du temps et de l’effort, peu compatibles avec la logique de production accélérée encouragée dans le monde du travail. Elle interroge en particulier une certaine culture managériale : valorise-t-on le questionnement ou la conformité ?
Trois principes pour documenter son Design System autrement
À partir du travail mené avec les équipes de Qonto, elle partage trois axes :
- Approche systémique
Documenter un composant ne suffit pas : il faut le recontextualiser dans son écosystème, rappeler les conditions d’usage et les dépendances. L’idée : sortir d’une logique purement modulaire. - Langage non dogmatique
Bannir l’impératif, fuir les “il faut” : préférer des formulations ouvertes, moins normatives. Le langage construit la réalité autant qu’il la décrit.
Argumentation explicite
Chaque bonne pratique doit être accompagnée d’un “pourquoi”. Exemple donné par Silvia pour illustrer ce point : “On préfère la forme interrogative dans les pop-ups, car elle crée une pause pour l’utilisateur et favorise l’engagement.”
La conclusion
Le but selon Silvia n’est pas d’obtenir une armée d’exécutants, mais de donner les clés pour que chacun puisse choisir de ne pas suivre les règles, “ne pas obéir”. Cette idée est pour elle une nécessité car “le langage a des conséquences”.
Ce que nous retenons
Sur le papier, l’intention est louable : sortir d’un Design System rigide et normatif pour créer un outil de choix éclairé. Très bien. Dans les faits, la proposition telle qu’elle est présentée reste d’une grande légèreté méthodologique et les questionnements sont nombreux.
Adopter une approche systémique, documenter les cas d’usage et faire coexister les grands principes et les variations en fonction du contexte est déjà intégrée dans l’idée de Design System : en quoi la méthode exposée ici est différenciante ?
En parallèle, si les règles cessent d’être normatives, que reste-t-il donc du Design System ? Un guide de bonnes intentions, une invitation à ressentir le contexte ? Devons-nous documenter et commenter chaque composant comme on anime un atelier ? Si oui, quid donc du principe de réduction de la charge de travail, de la brièveté, de la concision ? Le travail sur langage et contexte est intéressant sur le plan de l’enrichissement éditorial, mais fragile quand on y cherche une méthode robuste.
Et encore, à niveau d’échelle : comment s’applique ce principe de “désobéissance documentée” dans des organisations complexes ?
Les idées présentées restent en surface et l’impression finale, c’est d’assister à un appel à désobéir poliment sans trop secouer les murs. On aurait aimé voir des exemples concrets où ces principes théoriques sont confrontés aux contraintes concrètes, mais le format court de la conférence n’aide sans doute pas.
L’UX writing au service d’une conception numérique plus sobre
Par Clara Perrot & Apolline Rouzé

Lorem UX Writing
Clara Perrot et Apolline Rouzé montent sur scène avec la promesse de nous aider à faire évoluer nos pratiques de contenu vers plus de sobriété, moins d’empreinte carbone, moins d’énergie perdue. Le message est passé : l’UX writing peut et doit être un levier de transformation écologique. Elles rappellent l’essentiel : le numérique représente déjà 4,4 % de l’impact carbone en France. Face à la tendance actuelle (toujours plus d’écrans, de notifications, de contenus générés par IA), une autre voie s’ouvre : concevoir autrement, en encourageant le design d’interfaces plus raisonnées. Elles proposent deux leviers d’action : repenser nos processus de production et mettre en pratique une écriture plus responsable
Du “good UX writing” à l’”UX writing that does good”
Clara et Apolline mettent en pratique l’UX writing à travers une grille qu’elles nomment les 6E :
- Les “3E” de base : Easy, Enjoyable, Engaging
- Puis les “3E” d’une écriture qui “fait le bien” (définie “Green UX writing”) :
- Elementary : aller à l’essentiel, limiter les écrans et les interactions superflues
- Efficient : structurer le contenu pour réduire la charge cognitive, les erreurs, et donc l’énergie
- Educational : transmettre un message, éveiller à un usage plus responsable
Cinq bonnes pratiques à mettre en place pour faire du Green UX writing :
- Réduire : le contenu (moins, mais mieux), concevoir en mobile-first pour forcer la concision
- Réutiliser : l’existant, systématiser grâce au design system
- Recycler : mettre à jour au lieu de recréer
- Éduquer : glisser dans les parcours des incitations aux choix sobres, informer des impacts environnementaux, adresser les utilisateurs comme des citoyens conscients
- Encadrer l’usage de l’IA générative : car l’IA peut être un accélérateur de pollution si elle est utilisée sans cadre :
- pour la recherche, elle aide à structurer de grandes masses d’info
- pour l’idéation, elle stimule, mais ne remplace pas
pour la production, elle soutient la qualité si elle respecte un style guide - pour la localisation, elle peut affiner, mais jamais sans sensibilité culturelle
Ce que nous retenons
On retient surtout qu’ “écrire” n’est pas neutre : chaque mot coûte de l’énergie, oriente un comportement, prolonge un écran ou l’évite. Et que notre rôle de concepteurs est aussi de prendre position. Néanmoins, le propos, bien que responsable, reste en terrain balisé. L’éthique et l’écologie sont traitées sous l’angle des principes ou micro gestes métiers qui restent dans le cadre du bon sens.
De plus, la conférence se perd un peu dans un empilement de listes, certes bien structurées (les “6E”, les bonnes pratiques…), mais qui ne sont jamais incarnées. Aucun exemple concret, aucun cas d’usage, aucun extrait d’interface ou de contenu ne vient illustrer les recommandations ou des problématiques rencontrées. Afin de mieux ancrer les propos sur l’éthique et la sobriété, il nous semble important d’également montrer quand ça coince et quelles solutions existent.
UX en santé, transmettre pour mieux alerter le médecin et mieux éduquer le patient
Par Clémence Mayolle

Clémence Mayolle, Product Designer chez Posos, nous parle de son expérience d’UX designer dans le domaine de la santé. Comment elle transforme des problèmes complexes en solutions simples et intuitives. Elle souligne notamment l’importance de la transmission d’informations pertinentes aux médecins ainsi qu’aux patients dans le domaine de la santé.
L’UX dans le secteur de la santé
Travailler sur l’UX d’outils de santé, c’est une expérience toute particulière. La masse d’informations, la spécificité et l’importance de ces informations. La pertinence, l’urgence. Tout est crucial dans la transmission et le partage de ces données, que ce soit pour le médecin ou pour le patient.
Clémence Mayolle nous explique que le défi, c’est de transmettre la bonne information, au bon moment et à la bonne personne. Il faut pouvoir délivrer l’information de façon claire et accessible, pour aider à la prise de décision et à la compréhension du traitement.
Écouter ses utilisateurs
Évidemment, pour travailler sur ce genre de plateforme, les premiers à écouter, ce sont les utilisateurs. Certaines informations doivent être mises en avant, d’autres doivent être secondaires, mais accessibles, et d’autres sont moins pertinentes et utilisent de l’espace pour rien.
Pour cela, notre oratrice met en avant les points spécifiques attendus par ses deux profils utilisateurs.
Les soignants :
- Moins de surcharge cognitive : le trop-plein d’alertes et de notifications ne permet pas de bien ordonner l’information. On rend donc l’alerte pertinente et actionnable.
- On affiche les informations critiques sans surcharger l’écran, et on permet des actions rapides.
Les patients :
- Organiser l’information pour ne pas perdre l’utilisateur à cause d’un manque de compréhension.
- Rendre facilement visibles les points clés pertinents.
Ce que nous retenons
Écouter l’utilisateur, c’est la clé d’un UX réussi… mais il faut aussi savoir donner nos recommandations. Au milieu de toutes ces informations pertinentes, nous sommes restés perplexes quant au fait que “les médecins n’aiment pas cliquer, nous leur avons donc proposé les informations au hover” (le tout avec l’exemple d’un énorme paragraphe au survol d’une information).
Alors oui, il faut écouter son utilisateur, surtout pour des logiciels aussi spécifiques que ceux de la santé, mais n’est-ce pas notre travail d’UX designer que de les conseiller et de les aiguiller vers de meilleures pratiques ?
Au final, nous assistons donc à une conférence qui met en avant des acquis UX et qui permet de découvrir tout le travail qui peut être fait sur des sujets aussi complexes que le médical. Si nous n’en sortons pas transcendés de découvertes, nous sommes tout de même séduits par ce travail pensé et construit pour ses utilisateurs.
Designer en 2030 : un atelier prospectif pour prendre en main son évolution
Par Marie-Valentine Gallon

Marie-Valentine GALLON, design Ops, a présenté les résultats d’un atelier qu’elle anime auprès de ses équipes : « Le designer en 2030 ». Cet atelier a pour objectif d’amener les designers à réfléchir à leur valeur face à l’IA, explorant l’évolution du métier à travers un voyage temporel, un challenge produit avec des cartes de compétences, et une table ronde. Les participants ont élaboré un manifeste de groupe et une feuille de route personnelle pour intégrer l’IA comme outil au service de leur expertise stratégique et de la centralité utilisateur, tout en restant agiles, responsables et moteurs du changement.
Le designer comme base d’un atelier sur l’évolution d’un métier
Survivre face à L’IA en devenant un héros Magic ?
Elle raconte : Le début de l’atelier consistait à retracer l’évolution du rôle du designer de 2005 à une projection en 2036, les participants pouvant constater la mutation constante de la profession de designer. Une projection en 2036 proposait la vision d’un designer connecté avec le monde entier, possédant un assistant virtuel chat, qui pourrait coder directement des interfaces et discuter stratégie avec un board de directeurs.
« Les métiers ont toujours évolué et ils continueront d’évoluer. L’objectif de cette journée de voyage dans le temps, c’était de rationaliser le changement. »
Une fois la notion du changement/évolution démontrée, la suite de l’atelier se consacrait à l’après. Comment imaginer le designer du futur ?
On se projette alors dans 5 ans en 2030, deux équipes doivent imaginer une entreprise et son produit, et proposer une solution innovante et fiable basée sur les compétences de l’équipe.
Dans le cadre de ce challenge produit, les équipes devaient choisir des « cartes boosters » représentant différentes familles de compétences (data, stratégie, tech, société) pour développer leurs solutions. Ces cartes, s’inspirant du jeu Magic, aidaient les designers à identifier les compétences à acquérir dans les cinq prochaines années et à former des équipes pluridisciplinaires pour convaincre un jury.
« Cet exercice a permis aux designers de visualiser les compétences valorisées par les organisations et de gagner en confiance quant à leur évolution future. »
Comment transformer cet atelier en conséquence réelle sur le métier ?
Une table ronde a permis à chaque participant de décloisonner les points de vue sur l’IA et d’exprimer les craintes légitimes de l’équipe aux managers. S’est ensuivi la rédaction d’un manifeste sur l’utilisation de l’IA et de la direction à prendre en tant qu’équipe de designers. Puis chacun a élaboré une feuille de route personnelle, sélectionnant une ou deux compétences à développer d’ici à 2030 et identifiant les moyens pour y parvenir.
« L’idée, c’est d’ancrer l’équipe vers une vision commune. »
Ce que nous retenons
À nous de définir notre rôle pour l’avenir et de ne pas résister passivement aux changements. Comme chez Akiani par exemple, notre board est constitué de designers, on est déjà dans le futur en fait.
La conférence se veut très positive sur l’évolution du design face à l’IA, mais un certain scepticisme est permis. Comme lors de toute transformation majeure, le marché du design ne pourra pas accueillir tous les professionnels. On retient aussi le format de l’atelier présenté (et nous saluons les entreprises qui allouent des moyens et des effectifs pour ce genre d’expérience). C’est une très bonne source d’inspiration pour accompagner des équipes métiers face à leur crainte du changement, et les inclure dans le processus décisionnel. À l’ère du numérique, le sujet de l’évolution des professions est un challenge que nous rencontrons au quotidien en tant que designers. Le déroulé de cet atelier sous forme de frise temporelle et les jolies cartes à jouer est rafraîchissant. Il est intéressant aussi de voir des designers dans la peau des participants pour une fois.