Comme chaque année depuis 8 ans, FLUPA organise les UX Days 2019. Cela dure 2 jours et c’est le plus grand événement consacré à l’UX en France. Pour revoir le rapport des conférences de 2017, c’est par ici.
Cette année, nous avons pu assister au 2e jour des UX Days dédié aux conférences.
En tout, 14 conférences ont eu lieu, difficile de faire son choix ! Elles sont organisées autour de plusieurs thématiques UX (design systémique, design sprint, design génératif, assistants personnels intelligents, conception d’interfaces, etc.) !! Revenons sur tout ça.
Les conférences UX du vendredi ont débuté par la keynote de Steve Krug, consultant spécialisé dans l’utilisabilité du web, très connu pour son ouvrage « Don’t make me think ». Aujourd’hui, tout en mesurant le succès de l’UX design dans notre monde, il s’interroge sur la capacité de l’UX design à transformer ce monde. Est-ce que ce métier est capable de s’adresser à l’humain comme prévu ? Il nous l’a expliqué à travers l’image du Lorax (film d’animation américain). Il a également présenté son opinion sur les éléments très positifs apportés par internet en termes d’accessibilité, par exemple, et ceux mauvais comme les projets basés sur des schémas obscurs et les personnes dites « perturbatrices ». Par exemple, selon lui, Uber a été un perturbateur pour les taxis.
La conférence de Jean Yves Rigal “Quand le designer perd le contrôle” aux UX Days 2019
“Perdre le contrôle ne veut pas dire faire fausse route”
Jean Yves Rigal
Jean Yves Rigal nous donne ici des pistes pour faciliter le travail collaboratif, en impliquant les différents acteurs impactés par le projet et comment les impliquer.
Ainsi il nous présente l’importance de l’approche collaborative permettant de rendre l’équipe mature et donc de produire un design. Il met également en avant la qualité et l’importance des ateliers comme des accélérateurs, mais pas comme une finalité. De plus, il nous a exposé sa méthode permettant de passer de la dépendance à l’état d’autonomie dans la démarche du design : 5 grands moments. Comment impliquer son équipe, son client… vers une phase ultime d’assimilation, pour la faire monter en maturité. Comment produit-on de la connaissance avec son équipe ou son client ?
De la dépendance à l’autonomie en 5 étapes
Dans sa conférence, il essaye d’expliquer comment on passe de la dépendance à l’autonomie par ces 5 grands moments :
- “Fais le à ma place” à cette étape le client ou le membre de l’équipe ne se sent pas assez mature en design pour le faire par lui même.
L’UX designer doit tenter d’impliquer les équipes projet ou le client dans le processus de l’étude. - “Je le fais mais je ne sais pas si c’est bien”. L’UX designer peut mettre en place des formations au design pour les équipes projet ou le client avec lesquelles il travaille.
- “Je le fais, mais je sais que ce n’est pas terrible, je le fais quand même, je m’accroche”. C’est à ce moment-là qu’arrive la phase de persévérance qui amène au 4ème moment :
- “À chaque fois, j’essaye de faire mieux, je suis de plus en plus autonome, je prends du plaisir dans ce que je fais”. Arrive ici l’état d’assimilation, qui fait que l’équipe projet assimile des concepts de design.
- “Je me débrouille mais de temps en temps j’ai besoin d’aide, de conseil sur des ajustements, qu’on fasse des focus groups”. Le 5ème moment marque l’entrée dans l’autonomie.
Pour conclure, il nous a proposé différentes méthodes : expérience map, tri de carte, sketching, kit wireframes papiers sur mesure, etc., permettant de transmettre et d’aller plus loin, pour collaborer et augmenter la maturité des gens avec lesquels nous travaillons.
La conférence de Patrick Maruejouls “Designer systémique : vers une nouvelle approche du Design au XXIe siècle”
Sa conférence nous apporte une autre vision du design qui s’imbrique dans nos problématiques actuelles. Il prend l’exemple d’une petite cuillère pour exprimer son idée. Il existe une multitude de petites cuillères et pour la choisir il faut faire des choix : le choix de la fonction, le choix de la forme, mais aussi aller jusqu’au choix du processus (d’où elle vient, comment est-elle fabriquée, avec quels matériaux, etc.). Ainsi, c’est en partant d’une problématique qu’on en trouve d’autres.
Sa définition du design systémique est :
- Comprendre le système : sortir de l’ère de l’abstraction pour rentrer dans l’ère de la compréhension
- Définir le vrai problème à résoudre : interroger le problème par le prisme de l’impact potentiel sur l’humain et la planète
- Décloisonner la discipline : faciliter les échanges entre citoyens, la recherche académique et les industries
- Définir une éthique
- Impacter durablement : imaginer une charte encadrant la pratique du design, des groupes d’action, de lobbying pour un nouveau cadre législative
- Refonder un nouveau récit : écrire ensemble des futurs souhaitables et soutenables.
Une vision qui donne envie de mettre en place le design systémique pour aller plus loin dans les processus qui peuvent paraître simples, mais qui sont, en réalité tous complexes.
La conférence de Emmanuelle Marévéry “UX + DATA = “
“Donner du sens à la donnée, l’UX peut être la boussole de la data. Plus on a de données mieux s’est !” Emmanuelle Marévéry dans sa conférence nous présente des outils accessibles à tous pour récupérer de la data et la regrouper avec nos retours utilisateurs terrains. Elle nous présente comment récupérer facilement de la data et comment faire des bonnes expériences utilisateurs en récupérant de la DATA. Se servir de la DATA pour expliquer le comportement utilisateur, pour aider à prédire comment les utilisateurs vont se comporter.
Elle nous présente 4 usages du text-mining (« la fouille de texte quand la matière est du texte utilisateur et non des chiffres ») :
- Trouver les bons mots
- Classifier ses produits et ses services (architecture des menus, etc.)
- Comment améliorer son expérience utilisateur
- Comment faire de la user research indirecte
Son but était que nous repartions de cette conférence avec de la matière pour mettre en application ses idées dans notre travail et c’est le cas !
“Design et stratégie : pourquoi et comment se mêler des affaires des autres” de Morgane Peng
Vision intéressante de l’importance de bien connaître son interlocuteur afin de dialoguer avec lui de manière adaptée à ses besoins. Pour cela, Morgane Peng a créé des personas des clients-donneurs d’ordre avec lesquels elle interagit dans son travail. Et pour chaque persona elle a développé un processus-stratégie d’interaction afin de pouvoir dialoguer de manière plus adaptée avec leur fonctionnement.
Pour ce faire, elle a également pointé du doigt l’importance de la standardisation des méthodes, des process du designer et de parler la langue de l’entreprise.
Charlotte Breton Schreiner aborde un sujet dont on n’a pas forcément conscience au quotidien : « designer pour les esprits anxieux »
Elle met en avant le fait que les troubles anxieux affectent des millions de personnes dans le monde. Ce nombre ne cessant de grandir, selon elle, les designers ont le privilège et la responsabilité de créer des expériences apaisantes pour combattre le stress souvent associé à l’usage des nouvelles technologies. Elle explique qu’il existe différents troubles de l’anxiété et que beaucoup d’entre nous en souffrent, mais n’en parlent pas ou n’en ont pas forcément conscience. Elle nous expose les 5 troubles de l’anxiété les plus courants :
- Stress post-traumatique provoqué par des événements stressants, effrayants et inquiétants
- Phobies spécifiques (peur intense d’un objet, lieu, situation, etc.) et sociales (peur intense dans certaines situations sociales)
- Trouble panique (attaques soudaines de panique ou de peur) et agoraphobie
- Trouble d’anxiété généralisé (inquiétude excessive et difficile à contrôler).
Intégrer toutes ces problématiques
À différents niveaux, ces troubles peuvent limiter nos capacités dans notre vie de tous les jours, et même devenir un handicap.
Elle propose alors des alternatives pour intégrer ces problématiques dans nos conceptions centrées utilisateur. Voici 3 astuces pour concevoir des « expériences calmes » :
- Supprimer toute interprétation
- Accepter les erreurs
- Être transparent
Elle s’appuie d’exemples et invite les designers à se poser plus de questions sur l’expérience vécue par une personne anxieuse. Elle a donné l’exemple de Deliveroo. Pour accepter les erreurs, lorsqu’on a commandé, si on s’est trompé d’adresse, on ne peut pas la modifier. L’utilisateur doit appeler le service client, ce qui peut créer de l’anxiété chez certains.
Keynote de clôture : “Doing is the hard part – How to embed service design in organizations” de Marc Stickdorn
Marc Stickdorn, consultant en service design, très connu pour ses ouvrages “This is Service Design Thinking”, “This Design Service Doing”, “This is Service Design Method”. Au travers de 5 points, il nous présente son point de vue :
Alors, comment intégrer l’UX Design au sein des organisations ? Marc Stickdorn nous explique sa vision du Service Design, comme un processus de création qui crée la majorité de notre économie : l’importance des méthodes d’UX research pour recueillir le bon usage et comportement utilisateur, l’importance de l’essai, de la prise du recul, du pré-test pour notre réflexion, pour trouver des pistes d’amélioration et éviter de développer de mauvaises créations. Ils sont essentiels dans notre réflexion design.
De plus, il montre l’importance de la triangulation (utiliser plusieurs méthodes de recherches, croiser les données, etc.), cela pour être plus précis dans nos analyses de résultats et se rapprocher au maximum des usages des utilisateurs. Il met aussi en avant la qualité des entretiens terrain pour recueillir le bon usage.
Le service Design
D’autre part, il présente le Service Design comme un facilitateur qui se concentre sur l’expérience utilisateur, l’intégration de plusieurs points de vue, de la fonction utilisateur, de l’utilisabilité, de la production, de l’esthétique et de la visualisation-projection de l’utilisation. Voilà pourquoi le designer devrait toujours travailler en équipe. Le Service Design est donc un travail d’équipe.
Il nous présente aussi plusieurs interviews de différentes personnes : Belina Raffy, Birgit Mager, etc., qui présentent leurs opinions sur le « oui, mais ».
« Cela aide à penser à des choses auxquelles on n’a pas pensé avant, penser à des ressources, des idées, de manière nouvelle, mais ne pas commencer votre phrase par “oui, mais” car vous terminez la conversation avant même d’exposer votre idée. »
Belina Raffy.
De plus, Birgit Mager nous explique l’importance de comprendre le problème, tâche qui prend beaucoup plus de temps que celle de trouver une solution.
Conclusion pour les UX Days 2019
Pour conclure, cette journée aura encore été riche en enseignements ! Elle a été l’occasion de tous nous retrouver et d’échanger autour de notre métier d’UX research, UX designer ou encore UX strategist.
Tout cela pour dire que cette édition était une fois de plus une réussite, complète, diversifiée et surtout suivie par de nombreux UX designers de toute la France. Merci à toute l’équipe organisatrice pour leur boulot et aux orateurs.