Nous avons vu dans un article précédent que la perception du temps est très élastique, peut s’étirer ou se compresser en fonction de ce qui est présenté et de ce à quoi l’individu fait attention. Il est donc possible, à partir des effets connus dans la littérature, de tirer avantage des effets et illusions connus pour améliorer l’expérience utilisateur. Quelques exemples !
Donner une illusion de vitesse
Premièrement, les barres de chargement utilisent des astuces bien connues pour donner l’impression que le temps de chargement d’une application est plus rapide qu’il n’y paraît. Par exemple, la plus connue consiste à présenter à l’utilisateur une barre de chargement dont la vitesse de remplissage augment au fur et à mesure. En effet, le chercheur Chris Harrisson pousse le raisonnement un peu plus loin en étudiant la durée perçue du temps de chargement pour différentes barres de chargement.
Voyez plutôt :
Assurer la continuité de l’expérience utilisateur
Cela peut être particulièrement désagréable, lorsque l’on entreprend quelque chose, d’être interrompu. Les applications peuvent, de part leur construction même basée sur des écrans se succédant, casser la dynamique de l’expérience. Effectivement, certaines astuces peuvent permettre de réduire cette sensation d’interruption et atténuer la frustration des utilisateurs. Lors de la conception d’une application, l’utilisation de wireframes permet de structurer correctement les interfaces et d’optimiser la navigation.
Utiliser des transitions animées
L’utilisation d’animation permet de rendre les transitions plus fluides, donnant une sensation de continuité à l’utilisateur. Au contraire, des transitions saccadées donneront des sensations d’interruption, de découpage, de segmentation. Autant de moments où il est possible de perdre l’attention de l’utilisateur. Une animation au contraire permet de capturer son attention et de garder le contact. Cependant, attention toutefois à ne pas abuser des animations sous peine d’avoir un site digne d’un powerpoint des années 2000.
Charger le contenu progressivement
Facebook utilise un substitut lors du chargement du fil d’actualité. Ce substitut a la même forme qu’un vrai post, ce qui créé des attentes. Ceci permet une transition plus douce avec l’affichage du vrai post (notons au passage l’animation visuelle présentée pour les barres de chargement), à condition bien sûr que les attentes correspondent à ce qui va être affiché.
Eviter de faire attendre l’utilisateur lorsqu’il est possible de libérer le système
Parfois, on assiste à un blocage complet d’une application le temps qu’une certaine action s’effectue. Cette approche crée des points de friction dans le parcours de l’utilisateur. Dans un premier temps, il est bien plus préférable de libérer le système dès que possible, pour que l’utilisateur puis faire autre chose le temps que l’action du système se termine (chargement d’une base de donnée, envoi d’un message…). C’est par exemple le cas lorsque vous envoyez un sms avec votre téléphone.
Si ce principe peut paraître évident, il n’est malheureusement pas toujours mis en place.

Donner à l’utilisateur la sensation de maîtrise
Quoi de plus désagréable qu’une application qui met trop de temps à répondre ? Dans les interactions, le temps est très important. Il faut que le délai de réponse soit suffisamment court pour que l’utilisateur ait la sensation d’avoir causé l’action. Avec l’allongement du temps de réaction, l’utilisateur va petit à petit perdre la sensation de maîtriser le système, jusqu’à ne plus pouvoir prédire son fonctionnement. La réalisation de tests utilisateurs permet d’évaluer ces aspects de l’expérience et de mesurer l’utilisabilité du produit.
Quelques rappels des échelles de temps données par Jakob Nielsen :
- 100 millisecondes : c’est le temps limite pour que l’utilisateur ait la sensation que le système répond de manière instantanée.
- 1 seconde : c’est le temps à partir duquel le flot de pensées de l’utilisateur va s’interrompre. En dessous ce temps, il remarquera le délai, et sa sensation de contrôle va commencer à s’émousser. Plutôt que d’être complètement responsable des actions il aura la sensation d’accomplir quelque chose via un système.
- 10 secondes : au delà de ce temps, l’utilisateur n’arrive plus à rester focaliser sur sa tâche. Il va entreprendre d’autres tâches en parallèle et aura donc besoin d’un feedback de la part du système.
Conclusion sur l’expérience utilisateur
Pour conclure, notre perception du temps dépend donc de tous un tas de facteurs dont nous n’avons pas forcément conscience. À noter que la technologie n’est pas la seule réponse qui peut y être apportée, nous vous avons présenté une variété de solutions basées essentiellement sur l’aspect psychologique de l’interaction. Cela confirme qu’il vaut mieux tirer le meilleur parti de nos perceptions pour améliorer la richesse des expériences que nous créons. Ces approches s’inscrivent parfaitement dans les principes de l’UX research et peuvent même contribuer à une démarche d’éco-conception en optimisant les interfaces tout en minimisant leur impact.
Références
- Zumbrunnen, A. (2015, 26 Août). The illusion of time [Billet de blogue]. Repéré à https://medium.com/swlh/the-illusion-of-time-8f321fa2f191
- Harrison, C., Yeo, Z., and Hudson, S. E. 2010. Faster Progress Bars: Manipulating Perceived Duration with Visual Augmentations. In Proceedings of the 28th Annual SIGCHI Conference on Human Factors in Computing Systems (Atlanta, Georgia, April 10 – 15, 2010). CHI ’10. ACM, New York, NY. 1545-1548.
- Nielsen, J (2009, 5 octobre). Power of 10 : Time scales in User Experience [Billet de blogue]. http://www.nngroup.com/articles/powers-of-10-time-scales-in-ux/
