Gartner, cabinet de conseil mondialement reconnu, a publié fin 2018 sa vision des tendances de technologies stratégiques pour 2019.
On y retrouve bien sûr beaucoup de choses dont on entend parler partout ces derniers temps : intelligence artificielle, objets autonomes, blockchain, réalité augmentée/virtuelle/mixte, smart spaces, etc. De jolis mots clés mais surtout de jolies technologies. Autant dire qu’on n’allait pas laisser passer l’occasion de remettre un petit peu l’utilisateur au centre de la boucle.
Voici quelques paris sur les challenges utilisateurs que ces technologies pourraient rencontrer et constituer des obstacles à leur adoption !
L’intelligence artificielle pour tous
Aujourd’hui, tout le monde ne parle qu’intelligence artificielle. Il n’y a plus d’algorithmes, il n’y a plus que de l’IA. En matière d'usage, deux risques semblent pouvoir se dessiner : que l'intelligence artificielle soit trop peu intelligente, et donc déceptive, ou trop intelligente, et donc inintelligible.
S’il s’agit simplement d’un nouveau petit nom à ce qu’on appelait jusque là des algorithmes, les utilisateurs ne mettront pas beaucoup de temps à comprendre que l’intelligence en question est parfois logique et efficace, mais surtout limitée. Les chatbots, ces « robots conversationnels » avec lesquels on est censé pouvoir discuter comme avec un humain en font la démonstration chaque jour ! La proposition de valeur risque de ne pas être à la hauteur de la promesse, créer de la déception et donc dégrader l’expérience.
Le second risque est qu’au contraire l’intelligence soit extrêmement efficace, bien plus que nous, humains, pourrions l’être. Et c’est alors une autre forme de défi auquel les concepteurs seront confrontés, celui de son intelligibilité. Comment expliquer le résultat sortant d’un réseau de neurones, dont le fonctionnement est tellement complexe ?
Nous avions évoqué ce risque dans un article en revenant en particulier sur l’algorithme de traduction de Google Translate ainsi que les véhicules autonomes ou encore l’intelligence artificielle AlphaGo (regardez la réaction des commentateurs dans la vidéo ci-dessous !).
Le modèle XAI de la DARPA constitue une piste pour rendre ces intelligences plus compréhensibles pour l’Homme.
Autour de la blockchain
La blockchain ouvre la voie d’un nouveau web, le web décentralisé, et d’une nouvelle économie numérique, la token économie.
On aura beau multiplier les métaphores (parfois très drôles) pour nous expliquer la blockchain, le fond de l’histoire c’est que finalement ça n’intéresse pas grand monde comment ça fonctionne.
En revanche ce qui nous intéressera tous c’est ce que ça nous apporte, quels problèmes cela résout et en quelle mesure notre vie est plus simple ou plus sûre. Et pour le moment, on a souvent le sentiment qu’il s’agit bien plus d’un argument marketing que d’une technologie au service des utilisateurs.
L’enjeu constituera donc pour les concepteurs à faire la preuve de la valeur ajoutée de cette nouvelle technologie par rapport à l’existant. Et peut-être ne pas ennuyer l’utilisateur avec les détails de la technologie qui lui rend la vie plus sûre. Quand on achète une alarme, on ne s’intéresse pas tant à la technologie qui fait que ça sonne quand il faut, qu’au fait que ça sonne bien quand il faut !
Réalité augmentée et mixte !
La promesse est séduisante : augmenter le monde réel d’informations qui aideraient à prendre des décisions, comprendre les choses, bref que tout le monde devienne un peu un pilote d’avion de chasse du quotidien !
Ça, c’est en théorie, parce qu’en pratique, ça signifie porter une paire de lunettes, pas nécessairement très élégante, ou tenir son smartphone à bout de bras pour scanner l’environnement. Bref, rien de bien confortable, et il faudra que la technologie fasse la preuve d’une forte plus-value pour qu’elle se démocratise autant qu’espéré.
Luke Wroblewski, designer très reconnu (Product Director chez Google, excusez du peu, il est formidable ce monsieur, suivez-le sur Twitter !), a fait une liste d’utilisations pertinentes de la réalité augmentée sur son blog. Plein d’idées très intéressantes parmi lesquelles le décryptage des pictogrammes sur les étiquettes des vêtements, la conversion de monnaie étrangère à la volée ou encore l’affichage des avis utilisateurs sur des produits physiques.
Bref, on est bien sur l’idée d’amener la puissance du web dans « la vraie vie ». Bien loin de la majorité des applications actuelles de réalité augmentée, qui nous proposent de chasser des Pokemon dans des parcs ou de jouer à Street Fighter avec la rue comme décor aux combats. Rigolo, mais quand même pas très utile ni excitant sur le long terme.
Des choses smart (smart home, smart city, sometimes smart people)
De la même manière que précédemment, l’ajout de capteurs dans la maison, dans la ville ou même sur soi, s’il permet assurément de collecter des données pertinentes, doit se faire avec le souci premier de l’usage que les citoyens et visiteurs en feront pour dépasser l’engouement initial et en assurer la pérennité.
Les applications de running collectent des données pour nous fournir des conseils personnalisés pour progresser, et pas simplement pour nous vendre une nouvelle paire de chaussures quand celle-ci a parcouru un certain nombre de kilomètres. Les mesures de fréquentation de parkings ou de pièces de la maison permettront peut-être un éclairage des rues de manière automatique et adaptée.
Bref, le futur est là, mais la question à se poser reste la même, ces technologies répondent-elles à un réel besoin utilisateur ?
Amélie Boucher a traité ce sujet de manière très pertinente, comme d’habitude, à Paris Web 2018. Sa conférence se trouve ici. Elle parle d’autres sujets du futur, en particulier d’interfaces vocales type Google Home ou Amazon Alexa. Allez la voir, c’est chouette !